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Interview de Luc Hujoel, ancien directeur de Sibelga

Mis à jour le : 25/06/2019

Interview de Luc Hujoel (ancien directeur de Sibelga), intitulée « Certains profiteront de la libéralisation, d’autres y perdront », Revue Ensemble n°97, septembre 2018, pp. 64-70, http://www.asbl-csce.be/journal/Ensemble98energie64

Le Collectif Solidarité Contre l’Exclusion a, dans cet article, demandé à Luc Hujoel de partager sa lecture des transformations en cours du marché du gaz et de l’électricité, à savoir « les risques de polarisation accrue entre les consommateurs riches et pauvres liés à l’introduction des compteurs intelligents, l’incapacité du marché libéralisé à garantir un approvisionnement suffisant en électricité, la menace de disparition du tarif social spécifique que comporte le nouveau projet de directive européenne sur le marché de l’électricité. Le résultat est une interview hors du commun, intéressante tant pour la compréhension du fonctionnement et des défis d’une entreprise publique qui emploie près de deux mille personnes, que pour l’analyse de l’évolution de l’organisation de la fourniture d’énergie aux ménages » (P.64 de l’article).

Extrait choisi des propos de Luc Hujoel, en vous invitant vivement à lire l’intégralité :

« Dans beaucoup de pays, le débat de société sur les impacts de la politique énergétique se déplace de la question de la distribution et de la redistribution des revenus vers celle des attentes d’un groupe de consommateurs spécifiques dits « actifs ». L’image que l’on donne de ces consommateurs « modernes » tend à induire l’idée qu’ils seraient représentatifs de l’ensemble des consommateurs, ce qui n’est pas le cas. En même temps, on promeut une vision assez idéalisée des effets de la concurrence et de l’ouverture du marché. Dans ce contexte, c’est le professeur Ernst qui sera invité à la télévision, et pas vous. Tout est dit avec cela… Il y a vingt ans, au sein du Comité de contrôle du gaz et de l’électricité, on pouvait poser franchement les questions d’égalité sociale, et décider d’avantager le petit consommateur. Aujourd’hui ce n’est déjà plus le discours dominant. Demain, dans le contexte du smart metering, la polarisation entre les personnes avantagées et désavantagées par la libéralisation risque d’être encore plus grande, mais elle sera traduite en termes de consommateurs « actifs » et de consommateurs « inactifs » ; on ne parlera pas de consommateurs « riches » et de consommateurs « pauvres ». Ce n’est pas tout à fait la même chose, mais ça se recoupe quand même en partie. Dans ce contexte, les questions d’équilibre et de répartition des revenus risquent d’être occultées »

Cette interview fait également écho à la journée de réflexion autour de la libéralisation de l’énergie que nous avions organisée le 30 novembre 2017, avec le RWADE et le CSCE, dont vous pourrez trouver les actes ici.