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Au minimum 400.000 ménages belges en précarité énergétique selon un rapport de la CREG

Publié le: 29/01/2020 - Mis à jour le : 30/01/2020

La Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) a analysé le poids de la facture d’électricité et de gaz naturel dans le budget des ménages belges. Selon ce rapport, ce sont les familles monoparentales et les personnes isolées qui sont les plus touchées par la précarité énergétique, ainsi que les personnes avec des bas revenus.

Par ailleurs, les personnes se chauffant exclusivement à l’électricité consacrent, logiquement, une part important de leur budget à la facture d’électricité.

Les ménages cumulant les 3 caractéristiques (familles monoparentales ou personnes isolées, avec des bas revenus et se chauffant à l’électricité) sont particulièrement exposés. Retour sur les principaux enseignements de cette étude.

L’étude propose de considérer les ménages en situation de précarité énergétique comme ceux qui dépensent plus de 10 % de leur revenu net disponible (après déduction du coût du logement) à leur facture d’électricité et de gaz. Elle estime alors qu’en 2018, la précarité énergétique touchait, parmi les ménages qui chauffent leur logement et leur eau chaude sanitaire au gaz naturel (61 % des ménages belges), environ :

  • Entre 20 % et 30 % des personnes isolées ;
  • 2 % des ménages composés de deux adultes sans enfants à charge ;
  • Entre 6 % et 10 % des ménages composés de deux adultes et deux enfants à charge ;
  • Entre 40 et 50 % des familles monoparentales (un adulte avec deux enfants à charge).

Cela représente au minimum 400.000 ménages belges en précarité énergétique. Ce chiffre ne concerne que les ménages qui consomment du gaz et de l’électricité à leur domicile et uniquement les 4 typologies de ménages considérés dans l’étude. Le nombre global de ménages en précarité énergétique en Belgique en 2018 est, par conséquent, clairement supérieur.

Hausse des prix de l’énergie depuis 2007

L’étude présente l’évolution du prix moyen all in de l’électricité et du gaz naturel entre 2007 et 2018. Durant cette période, le prix moyen all in de l’électricité a augmenté de 62 % à prix courants et de 31 % à prix constants (c’est-à-dire en neutralisant l’effet de l’inflation). L’augmentation est en grande partie due à la hausse des tarifs de distribution et à la hausse des surcharges/prélèvements. Le prix moyen all in du gaz naturel a, quant à lui, augmenté de 27 % à prix courants et de 2,4 % à prix constants.

Des mesures sociales plus ou moins performantes

L’étude mentionne l’existence des tarifs sociaux de l’électricité et du gaz : « Le mécanisme des tarifs sociaux permet, toutes choses étant égales par ailleurs, de contenir sensiblement la facture annuelle totale de l’électricité et du gaz naturel des ménages bénéficiaires, et partant son poids dans leur revenu net disponible. Néanmoins ils ne permettent pas de toucher l’ensemble des ménages belges avec les revenus les plus bas. En effet, ils ne dépendent pas uniquement du niveau de revenus mais également du statut. »

L’usage exclusif de l’électricité grève les budgets

La facture énergétique a un poids très différent dans le revenu net disponible des ménages selon l’usage exclusif ou non de l’électricité pour couvrir les besoins énergétiques. Pour tous les profils de ménages considérés, ceux se chauffant à l’électricité consacrent en moyenne une plus grande part de leur revenu disponible à leur facture d’énergie que ceux se chauffant au gaz naturel. Or, grâce à l’Enquête 2018 de l’Observatoire des Loyers (dont nous vous parlions précédemment) nous savons que 14% des logements bruxellois sont chauffés à l’électricité et voient donc les factures de leurs occupants considérablement alourdies.

Recommandations de la CREG

Dans ce rapport, la CREG formule deux recommandations principales :

  • Développer des indicateurs de précarité énergétique, comme demandé dans le cadre du Clean Energy Package, qui a été adopté l’été dernier par l’Union Européenne ;
  • Renforcer l’aide pour les ménages les plus particulièrement touchés. La CREG cite en exemple la revalorisation du Fonds Gaz Electricité1.

[1] Le CASE avait également porté cette revendication via la Plateforme précarité énergétique de la Fondation Roi Baudouin, plus d’informations ici.